Mashup : quand brasserie et restauration riment avec insertion

« Le pari, c’était de participer au renouveau de la bière artisanale en France, mais en apportant une touche sociale », raconte Fabien Marzeliere, fondateur de la brasserie Tête Haute avec son frère Samuel. Dès le lancement du projet en 2018, la brasserie artisanale sert de prétexte à créer de l’emploi pour des personnes en difficulté sur le marché du travail. « Monter une brasserie sans impact social fort ne nous intéressait pas », souligne cet éducateur spécialisé de formation.

Constituée en entreprise d’insertion (une première pour une brasserie), Tête Haute se structure et grandit, jusqu’à atteindre aujourd’hui 23 personnes au Cellier, près de Nantes, dont un tiers en parcours d’insertion. Une progression qui ne satisfait pourtant qu’à moitié les fondateurs, déterminés à générer davantage d’impact. « Il nous fallait franchir un nouveau cap. » Le choix de la restauration s’impose assez naturellement. « Il s’agit d’un métier en tension, où on peut facilement monter en compétences, et qui se marie bien avec l’univers de la bière », explique Fabien Marzeliere. C’est ainsi que, au printemps 2024, ouvre Mashup, un restaurant doté de sa propre micro-unité de brassage. Situé au cœur de l’île de Nantes, à deux pas des Machines de l’île, ce « brew pub » compte aujourd’hui près de dix personnes, dont trois à quatre en insertion, alternant chaque semaine entre service et cuisine.

Jeunes issus de la protection de l’enfance, personnes réfugiées, travailleurs éloignés de l’emploi… les salariés en insertion restent en moyenne un an, deux maximum. « L’objectif est de les aider à mettre le pied à l’étrier. » Accompagnés par une conseillère en insertion professionnelle intégrée à l’équipe, ils sont encadrés au quotidien par des professionnels de la restauration à la forte appétence sociale. « Les encadrants doivent à la fois transmettre un savoir-faire et être capables d’agir sur les difficultés du quotidien. Quand un salarié arrive avec une mauvaise mine le matin, on va creuser. Peut-être qu’il a dormi dans sa voiture ou qu’il rencontre des problèmes particuliers. »

Au-delà de l’emploi, les équipes de Mashup et Tête Haute ont à cœur de mettre en lumière les salariés et leurs trajectoires. Chaque mois, l’un d’eux est ainsi mis à l’honneur via une bière qui porte son nom, un podcast retraçant son parcours et, au restaurant, un menu inspiré de son histoire et de son patrimoine culinaire. « Nous sommes avant tout un lieu de brassage, dans tous les sens du terme. ». 

Pour Fabien Marzeliere, l’entrepreneuriat social apporte autant qu’il demande : « On a la chance d’avoir des petites victoires. Voir un parcours aboutir positivement, ça galvanise toute l’équipe. » Et les fondateurs ne comptent pas en rester là : « notre ambition est d’ouvrir d’autres lieux similaires dans d’autres villes. ». Une levée de fonds est en cours. Avec Mashup, le brassage social de Tête Haute ne fait que commencer !